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Quelle est la couleur des rêves ? Jean-Luc Ouvrard en propose une, un bleu indéfini s’étendant sur l’embouchure discrète qu’il bâtit entre le jazz et le blues. Une embouchure à l’abri du vent qui laisse admirer, dans la quiétude et la sérénité, le spectacle des deux fleuves charriant leurs flots d’azur mêlés. Le bleu s’aventure sur le dos des notes et s’insinue dans les moindres pigments que celles-ci dessinent, prenant part à tous les tableaux qu’expose l’album Blue Dream. Des tableaux impressionnistes dont les traits brumeux gorgés de jeux de lumières donnent à voir une réalité sensible. Mélodie songeuse, douce et posée, Snow Silence est, en l’occurrence, une pièce merveilleuse où le blanc contemplatif des étendues neigeuses n’est qu’une déclinaison de plus du bleu des rêves. La chanson éponyme de l’album rappelle le style velouté de Barney Kessel et celui des virtuoses de la guitare feutrée résonnant sous la pression unique de leur doigté. La sérénité n’est pas pour autant dénuée de dynamiques, ce qui permet à Laurent Hilairet au clavier, à Julien Ouvrard à la batterie et à Bob Marie-Joseph à la basse, de laisser libre cours à des embardées frôlant parfois le rock progressif (Raide Blues) et illuminant les instrumentales guitare-synthé de Jean-Luc Ouvrard. L’album comprenant, en plus des compositions, des arrangements sur des standards non moins prestigieux qu’All Blue, Blue In Green (Miles Davis) et Red Baron (Billy Cobham), la section clavier et rythmique a tout intérêt à ne pas être à la traîne. Elle s’y emploie avec précision et légèreté, son travail permettant de redécouvrir des morceaux de bravoure sous un éclairage original, cette lumière impressionniste esquissée par Jean-Luc Ouvrard et affirmée par son équipe. Blue Dream est alors le tableau d’un rêve dont on ne s’éveille pas à moins que l’éveil soit, à lui seul, le départ même du rêve.

Jonathan Allirand

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